« Spitz a découvert que les nourrissons que l’on ne manipulait pas durant une période prolongée avaient finalement tendance à décliner de façon irréversible, et finissaient par succomber à la maladie qui se déclarait. (Spitz has found that infants deprived of handling over a long period will tend to sink into an irreversible decline and are prone to succumb eventually to intercurrent disease.) Cela signifie, en fait, que ce qu’il appelle privation émotive (emotional deprivation) peut provoquer une issue fatale. Ces observations font naître (give rise) l’idée de l’appétit du stimulus, et indiquent que les formes préférées de stimuli sont celles que fournit l’intimité physique, conclusion qu’il n’est pas difficile d’accepter sur la base de l’expérience quotidienne. » Berne se réfère aux expériences de Spitz concernant des nourrissons placés en institution. Il introduit la notion de « stimulation hunger » à partir de ces résultats d’observation. Pour tout lien entre ces deux opérations, il se contente de dire que les seconds « font naître l’idée » de la première. On est là en présence d’une explication purement nominale. Il affirme par ailleurs que les formes préférées de stimuli sont celles que fournit l’intimité physique. D’après le contexte, il se réfère à l’expérience de l’homme en général. Il a donc opéré une généralisation du nourrisson à l’être humain adulte. Selon lui les formes de stimuli préférées des êtres humains adultes seraient fournies par l’intimité physique. L’absence d’argumentation doit retenir notre attention. En effet Berne prétend en effet introduire ici rien moins qu’un facteur de motivation sensé constituer un socle de sa théorie des échanges sociaux ! Qui plus est la lecture que Berne fait de Spitz est pour le moins partielle, sinon partiale. Il retient en effet le facteur de manipulation (ang. : handling) qu’il semble réduire à sa seule dimension physique. Or les expériences de Spitz sont conduites dans un cadre théorique d’inspiration psychanalytique, qui fait une place essentielle à une analyse très élaborée des modalités de communication au sein de la dyade mère-enfant. La réduction opérée par Berne de la richesse clinique des expériences de Spitz et leur analyse est proprement stupéfiante. Mais attention ! Je risque ici de pécher par anachronisme : en effet Berne se réfère à Spitz 1945, article sur l’étude de l’hospitalisme ... Or je me réfère ici à « De la naissance de la parole » 1965, donc postérieur à AT et psych 1961 et Des jeux 1964. Reste que dans At et psychothérapie, page 216 Berne se réfère à « No and Yes : On the genesis of human communication », 1957. Je n’ai pas cet ouvrage en ma possession. Il faudrait donc le consulter. Son seul titre fait référence à ce qui probablement constitue une étape intermédiaire de la pensée de Spitz sur la communication. Il faudrait voir. |
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