Comme on peut le constater, la mythologie grecque est une source inépuisable d’histoires propres à inspirer les penseurs et les passeurs qui se consacrent aux arcannes de notre monde intérieur, aux rebondissements des histoires de vie, aux répétitions scénariques et à la systémie des constellations familiales. Après Freud, la lecture de l’histoire d’Œdipe n’a plus jamais été la même, et il pourrait en être de même des autres mythes antiques.

 Si l’on scrute attentivement la pensée bernienne, elle se présente effectivement comme un dédale : on cherche l’origine de ses idées au travers des influences historiques, scientifiques ou littéraires qu’il revendique lui-même. D’intuitions fulgurantes en métaphores parlantes, on s’efforce de le suivre dans des raisonnements qui ne sont pas toujours étayés, ni quelquefois même énoncés ; on retrace des hypothèses sous-jacentes, mais celles-ci changent brusquement au fil de ses différents ouvrages. Bref, suivre la pensée de Berne n’est pas comme descendre un long fleuve tranquille.

 Pour donner de la cohérence à la théorie de Berne, un fil conducteur est nécessaire. Même plongés au cœur du labyrinthe de sa pensée, il nous semble important de ne jamais le lâcher. En ce qui nous concerne, il ne s’agit nullement de redresser des incohérences théoriques en en appelant à d’autres théories psychologiques. Notre fil d’Ariane est ici : c’est dans l’approfondissement de la pensée de Berne, dans la reconstruction de ses origines et dans la recherche rigoureuse d’une cohérence des concepts que nous entendons faire ce travail.

 En ce qui nous concerne, le Minotaure se nomme refus de prendre en compte la complexité, simplisme, juxtaposition d’idées peu compatibles entre elles, réduction de la pensée au schéma.

 Nous estimons qu’une réflexion collective doit nous aider à venir à bout du monstre. Ariane n’aura pas à être abandonnée sur des rivages inhospitaliers et nous n’entendons pas hisser la voile noire du renoncement.